Écrire un blog, c'est très exactement comme arrêter de fumer. On s'y jette plein d'espoir lorsqu'une nouvelle année approche que l'on veut traverser la tête haute. Les premiers jours sont exaltants mais, très vite, les tentations deviennent trop fortes. Un jour, on craque : on a une idée de billet, mais il y a Nicky Larson à la télévision. Avec Jacky Chan. On se doute bien que ce n'est qu'un prétexte, que l'envie n'y est plus, mais on se jure que ce n'est l'affaire que d'un soir. On écrira ce billet le lendemain, ce n'est pas un drame. Le lendemain devient le surlendemain ; les jours deviennent des mois ; et le blog, une jachère. Les commentateurs qu'on aimait tant, malgré leurs smileys, ne s'arrêtent plus que de temps en temps pour déplorer le temps qui passe. Ils laissent quelques mots, comme des chrysanthèmes sur une tombe.
Pour éviter cela, le blogueur ruse, le blogueur s'amuse, le blogueur se force à ne pas s'ennuyer : tel écrit ses billets sur papier et publie les photos de sa graphomanie ; tel autre ouvre un blog, puis un autre, peut-être d'autres encore qu'il nous cacherait ; tel dernier semble avoir renoncé. La toile, qui n'oublie rien, persiste à ouvrir les portes de ces maisons ou personne n'entre plus.
Ce blog-ci va essayer de renaître, sous un nouveau nom et sous de nouvelles couleurs. Ether, c'était un joli nom (merci Pico de me l'avoir trouvé !), mais c'était un nom choisi par défaut. Comme la charte graphique, d'ailleurs : quand on ne pense pas rester dans une maison, on n'en change pas la tapisserie. Eh ! bien, faisons mentir l'entropie, forçons le destin : quelques heures de travail et la peinture est quasi fraîche, désormais. Il reste sans doute quelques finitions de-ci de-là pour qu'Internet Explorer se sente aussi chez lui.
Ayant désormais une idée assez claire de ce que ce blog peut être, je peux lui choisir un titre. Et une figure tutélaire, du même coup : Alexandre Vialatte avait son Grand Chosier, je m'en suis aménagé un petit. Un bric-à-brac de métaphores bancales, de rythmes ternaires et de brimborions. En noir sur blanc, avec des lettrines rouges.
Terry Pratchett dit que tout le monde veut avoir écrit.
Le difficile étant d'écrire, tous les jours, un peu. Au travail, donc.