Lyon, rue de la République, Quick.

Au guichet, un serveur tout en charme. Grand, large d'épaules, pas musclé mais très sec - un vague air de Matt Damon, peut-être. Mon type d'homme, quoi, même si j'ai mieux à la maison - encore que pas ce soir. Tout en charme, définitivement, mais rien en efficacité. Lent, très lent, ce qui laisse le temps de contempler. Le nez, charmant ; le sourire, désarmant ; les gestes... virevoltants. Un garçon sensible, certainement. Client pénible : Et avec le filet-o-fish, vous avez quoi comme menu ? Belle patience, indéniable sens pédagogique : Le même qu'avec les autres : des frites (rustiques ou normales) et une boisson (gazeuse). Et pour madame ? et pour les petits ? Sans fin...

À côté, un guichet libre : quatre personnes expédiées par la gentille demoiselle tandis que le mignon énumérait les boissons. (Et dans le Sprite, y a des bulles aussi ?) Commande prestement passée, rondement apportée. Sur place ? À emporter : y a-t-il plus sordide que manger seul, le soir, dans un fast-food ? Plus de support pour les boissons : la demoiselle improvise. Le sandwich pour étayer le gobelet, les frites sous la glace, les serviettes par dessus. Encore un ticket-restaurant d'écoulé. Dernier coup d'œil au jeune homme.

Chez moi, instant d'admiration pour la demoiselle : la boisson, toute dans son gobelet ; les frites, pas écrasées ; la glace, à peine fondue. Nouvelle sauce, dans le sandwich - pas mal. Pas de paille, dans mon appart - dommage. Le cola bu à même le gobelet en carton, grand standing. Des frites tièdes, de la glace liquide. Un yaourt.

Repas sans saveur, soirée sans saveur. Phrases nominales, d'ailleurs.