Surtout, ne pas se faire remarquer. Avoir l'air innocent ; mieux : ne pas avoir d'air du tout ! Un retour en apnée, en somme. Les yeux qui jaunissent, le visage qui s'empourpre, les lèvres qui bleuissent : pour passer inaperçu, l'Auteur se déguise en arc-en-ciel. D'autant que l'apnée force la concision - qualité dont on a jamais trop. Un inconvénient, cependant : les auteurs apnéiques sont rarement prolixes. Surtout sur la fin.

(Tandis que les auteurs acnéiques, eux, suintent à pleins pores de la poésie dégoulinante d'adolescents frustrés. De la très haute importance des consonnes sur le destin des hommes.)

Evitons l'apnée, donc. Revenons-en aux bonnes vieilles méthodes : pour ne pas nous faire remarquer, écrivons les mains croisées derrière le dos, en faisant nonchalamment les cent pas, en regardant le ciel d'un air absorbé, en sifflottant le thème du Pont de la rivière Kwaï.

Avec tout cela, ce sera bien le diable si quiconque remarque que je suis revenu...